Froid et diabète font-ils bon ménage? Découvrez nos conseils

En période hivernale, le froid peut modifier l’équilibre du diabète. Il peut occasionner des hypoglycémies, car l’organisme va « brûler » plus de calories et en particulier des glucides pour maintenir la température du corps en luttant contre le froid.

Les sports d’hiver

Le ski, les raquettes, la luge, les jeux dans la neige ou simplement à l’extérieur, peuvent, comme toute activité physique intense, provoquer des hypoglycémies sévères qu’il faut anticiper par une baisse des insulines, les rapides ou bolus dans un premier temps, puis des insulines lentes ou basales (débit de base) quand ces activités se poursuivent plusieurs jours de suite.
Par sécurité, surtout loin de la maison, l’enfant aura toujours avec lui des sucres ou des équivalents.
Il sera nécessaire de contrôler les glycémies plus souvent, en particulier avant l’activité, ou en cas de signes d’hypoglycémie et de s’alimenter régulièrement avec des glucides voire des boissons sucrées.
Dans la soirée, si l’effort a été intense et prolongé pendant la journée et l’après-midi, on prendra soin d’éviter les hypoglycémies nocturnes en n’augmentant pas la rapide du soir même si la glycémie est un peu élevée, en majorant les glucides du dîner et en recontrôlant la glycémie au coucher (des parents) pour une correction éventuelle.
Si les extrémités des doigts sont froides, il est parfois difficile et douloureux de se piquer en raison d’un phénomène de vasoconstriction qui gêne la formation d’une goutte de sang. Il est recommandé de se réchauffer les doigts ou si cela est possible de les passer sous l’eau chaude pour faciliter ce « dextro » en réalisant, si possible, cette mesure de glycémie à l’intérieur ou dans un endroit abrité.
Se protéger du froid nécessite des vêtements chauds et imperméables en privilégiant les matières qui respirent et sèchent vite, en restant attentifs aux mains et aux pieds qui sont très sensibles au froid et nécessitent des gants (ou moufles), des chaussettes chaudes ainsi que des chaussures confortables.

Les lecteurs de glycémie

Ils supportent mal le froid. Les écarts de température peuvent endommager le matériel et fausser les résultats. L’Agence Française de sécurité des Produits de Santé (Afssaps) rappelle que les bandelettes (ou électrodes) et solutions de contrôle, doivent être conservées dans un endroit frais et sec dans la plage indiquée sur l’emballage ou la notice d’utilisation de l’appareil.
En effet, un brusque changement de température provoque une condensation incompatible avec une bonne utilisation des bandelettes (ou électrodes). Attention à ne pas laisser le matériel dans une voiture par exemple. De même, il ne faut pas l’utiliser s’il a été exposé au gel.
Aussi, il est conseillé de transporter les bandelettes et solutions de contrôle en plus de leur emballage d’origine, dans des pochettes isothermes.
Pendant les activités extérieures, au froid, le jeune conservera son matériel d’auto-surveillance près du corps, sous un vêtement chaud afin de maintenir une température suffisante.
> En cas d’humidité élevée, il est recommandé de toujours refermer le flacon de bandelettes après utilisation (bonne pratique !) et d’éviter de laisser le matériel dans une salle de bain humide.
> En cas d’altitude élevée, le plus souvent plus de 3000 mètres, certains glucomètres ne sont pas fiables, en raison des taux d’humidité et d’oxygène plus faibles. Les glycémies indiquées peuvent être plus élevées que les valeurs réelles.
Les capteurs de glucose comme le système « Freestyle Libre », ne seraient pas sensibles au froid en dehors du récepteur qui doit être protégé du froid comme un lecteur de glycémie.

L’insuline

On sait que l’insuline ne supporte pas les températures au-dessus de 25°C et perd progressivement de son efficacité si elle est exposée à la chaleur.
On sait aussi que l’absorption de l’insuline après injection peut être accélérée par la chaleur. C’est le cas après un bain chaud, une poussée de fièvre, de fortes chaleurs ou après un effort physique important.
En dessous de 0°C, l’insuline est détruite. Elle forme des cristaux et perd toute son efficacité. Le froid est beaucoup plus dangereux pour l’insuline que la chaleur, car avec la congélation, la destruction est immédiate, tandis qu’avec la chaleur l’insuline ne perd que très graduellement son efficacité. Elle doit être protégée non seulement contre la chaleur, mais aussi contre le froid.

Rappel pratique : transport et conservation de l’insuline (flacons, cartouches, stylos, etc.)

> L’insuline non utilisée doit être conservée, jusqu’à la date de péremption indiquée sur la boîte, au réfrigérateur entre 2°C et 8°C, protégée de la lumière, au milieu du réfrigérateur à l’écart du compartiment congélateur (et non dans le bac à légumes ou dans la porte car ces zones ne sont pas assez froides). Il est préférable de la sortir 1 h avant pour éviter les bulles d’air (pompes).
> Après ouverture, l’insuline peut être conservée pendant un mois à température ambiante, entre 0°C et 25°C.
> Il n’est pas nécessaire de conserver au réfrigérateur le stylo contenant une cartouche ou le stylo en cours d’utilisation. Le capuchon du stylo sera remis après chaque utilisation afin de protéger l’insuline de la lumière.
> La pompe à insuline sera protégée du froid par des vêtements chauds ainsi que le cathéter.
> On transportera l’insuline dans des pochettes isothermes sans mettre les flacons en contact direct avec les packs réfrigérants (précaution dans les voitures).
> En cas de séjour à la montagne, il faudra prévoir une certaine réserve d’insuline pour pallier une éventuelle mauvaise utilisation.
L’hiver est, pour beaucoup d’enfants, un moment de découvertes, du froid, du gel, du givre, de la neige… et d’activités nouvelles.
Pour un jeune qui a un diabète, c’est l’occasion de se confronter à un environnement différent en adaptant son traitement, pour s’épanouir, prendre confiance en lui et réussir ces activités nouvelles.

Découvrez tous les conseils du Dr Thévenieau pour la vie quotidienne avec ou sans diabète dans notre revue trimestrielle.