La grippe, souvent considérée comme une maladie de l’adulte, concerne massivement les enfants. C’est une maladie virale des voies respiratoires, très contagieuse. En période épidémique, de novembre au début du printemps, un enfant sur trois est touché, contre un adulte sur dix ; ceci joue un rôle prépondérant dans la propagation de la maladie.

Chaque année, la grippe est responsable de 5 000 à 8 000 décès touchant essentiellement des personnes âgées. C’est une cause majeure de recours aux soins avec un risque d’hospitalisation d’autant plus élevé que l’enfant est plus jeune. Chez l’enfant suivi pour un diabète bien équilibré, la grippe n’est ni plus fréquente ni plus grave, mais peut faire monter la glycémie du fait d’une augmentation des hormones du stress et d’une résistance à l’insuline. La maladie aggrave la production des corps cétoniques secondaire à un éventuel manque d’insuline. C’est la raison pour laquelle la vaccination annuelle antigrippale est recommandée.

Grippe chez l’enfant : un diagnostic difficile

La grippe peut affecter les enfants de tous les âges même si les scolarisés sont spécialement exposés.

En France en 2003, la grippe a touché près de 3,5 millions d’enfants âgés de moins de 14 ans. Avant l’âge de 5 ans, le diagnostic n’est posé que sur 17 % des jeunes patients qui consultent.

Malgré la difficulté à distinguer la grippe des autres infections respiratoires virales, moins de 10% des médecins consultés en première intention ont recours aux tests d’identification rapide.

Des symptômes variés

Après contact, l’incubation dure 3 à 5 jours.

Les différents signes de la grippe ne sont pas tous présents, ce qui rend le diagnostic plus difficile. En général, la grippe (contrairement au rhume), frappe brutalement et oblige l’enfant à rester au lit.

Les symptômes les plus classiques sont :

– une fièvre subite,

– des frissons, des tremblements,

– des maux de tête,

– des douleurs musculaires (courbatures),

– une fatigue intense, voire une somnolence,

– une toux sèche, un écoulement nasal, des maux de gorge,

– une perte d’appétit.

 

Chez les nourrissons, les symptômes peuvent être différents :

– une forte fièvre isolée,

– une forte fièvre qui peut entraîner des convulsions au-delà de 39,5°C,

– des maux de ventre (avec parfois vomissements et diarrhées),

– des maux d’oreille, des yeux rouges,

– des douleurs dans les jambes ou le dos.

Les risques de complications

Normalement, la fièvre et les douleurs musculaires disparaissent en 2 à 4 jours (avec parfois une amélioration puis une reprise) alors que la toux et la fatigue peuvent perdurer jusqu’à 2 semaines.

Du fait de l’affaiblissement du système immunitaire chez certains enfants (sans rapport avec le diabète), des complications peuvent survenir, en rapport avec le virus de la grippe ou une surinfection bactérienne:

une otite (40% des enfants de moins de 3 ans),

– une pneumonie (50% des nourrissons hospitalisés),

– une sinusite,

– une bronchiolite, une bronchite ou l’exacerbation d’un asthme,

– un faux croup (laryngite),

– des complications neurologiques chez le jeune enfant.

Globalement, plus de 1% des enfants seront hospitalisés, en particulier ceux qui sont touchés par des maladies chroniques (cardiaques, pulmonaires ou neurologiques).

Chaque année, 8 enfants de moins de 14 ans sur un million succombent de la grippe.Chez les enfants propagateur du virus, ce dernier se multiplie plus rapidement et plus longtemps. Les enfants peuvent être contagieux 24 heures avant les symptômes et restent contagieux plus de 7 jours après.

La survenue de la grippe est deux fois plus élevée au sein d’une famille dont les enfants sont scolarisés. Plus d’un tiers des foyers hébergeant un enfant grippé voient apparaître au moins un autre cas.

Soigner la grippe de l’enfant

Les antibiotiques sont inutiles pour une maladie virale, sauf en présence de complications bactériennes.

La fièvre est un moyen de lutter contre l’infection virale ; on préconise des vêtements légers en maintenant la température ambiante autour de 20°C et en lui proposant de boire très régulièrement.

En cas de fièvre mal supportée, on lui donnera de préférence du paracétamol, ou de l’ibuprofène.

Mesures préventives :

Pour limiter la propagation du virus, il est conseillé que l’enfant soit éloigné de l’école ou de la garderie et reste à la maison jusqu’à guérison (pas d’éviction prévue).

Le virus de la grippe vit mieux dans des endroits frais et secs (l’hiver). Il peut survivre jusqu’à 2 jours sur des objets contaminés et jusqu’à 5 minutes sur la peau.

Quelques recommandations :

– le lavage des mains,

– la toux, l’éternuement dans un mouchoir ou au creux du coude plutôt que dans la main,

– mouchoir à jeter dans une poubelle,

– désinfection des objets contaminés, poignées de porte, robinets, téléphone…

La vaccination :

Le vaccin n’est pas obligatoire, mais très fortement recommandé pour les populations à risque, jeunes enfants, personnes âgées et les personnes exposées comme les professionnels de santé, et même les femmes enceintes.

Il est remboursé à 100% par la sécurité sociale en cas de pathologie sous-jacente comme le diabète.

De 0 à 6 mois, vaccin contre-indiqué, d’où la nécessité de vacciner l’entourage familial (future maman).

De 6 mois à 35 mois (3 ans) : 2 demi-doses à 1 mois d’intervalle en primo-vaccination, 1demi-dose en rappel annuel.

De 3 ans à 8 ans : 2 doses à 1 mois d’intervalle en primo-vaccination, 1 dose en rappel annuel.

9 ans et plus : 1 dose par an comme les adultes.

Le vaccin est efficace en 2 à 3 semaines et la protection conférée dure entre 6 et 12 mois.

Ce vaccin est bien toléré, mais peut provoquer une discrète réaction au niveau du point d’injection et plus rarement un très léger syndrome grippal sans commune mesure avec la grippe elle-même.

Chez l’enfant comme chez l’adulte, la vaccination reste le meilleur moyen de prévenir la grippe, mais elle trouve des limites. En dépit d’une procédure rigoureuse, les souches vaccinales sélectionnées peuvent ne pas correspondre à la souche virale en circulation au moment de l’épidémie. L’immunité est moins bonne chez le très jeune nourrisson et chez la personne très âgée.

La vaccination est néanmoins capable de prévenir les grippes confirmées par les analyses biologiques, de 60 à 90% chez les enfants et permet de réduire de 70% le nombre de jours d’école manqués.

Chez l’enfant qui a un diabète

On redoutera toujours les complications suivantes:

– l’acidocétose,

– la déshydratation,

– l’hyperglycémie non contrôlée ou symptomatique,

– l’hypoglycémie.

Principes généraux :

> Ne jamais arrêter l’insuline.

> La dose d’insuline peut avoir besoin d’être augmentée ou diminuée.

** L’erreur la plus grave serait de ne pas faire d’insuline, car l’enfant est malade et ne mange pas, augmentant ainsi le risque d’acidocétose.

** Une surveillance plus fréquente de la glycémie et de l’acétonémie est nécessaire.

** Une hyperglycémie, une cétose et des vomissements répétés doivent d’abord évoquer un manque d’insuline.

** Les patients traités par pompe utilisent uniquement de l’insuline d’action rapide et n’ont pas de réserve venant d’une insuline d’action prolongée. L’acidocétose peut donc se développer plus rapidement.

L’hyperglycémie associée à une cétonémie croissante nécessite un supplément d’insuline en urgence.

> Maintenir une bonne hydratation.

L’hyperglycémie, la fièvre, la glycosurie et la cétonémie (avec cétonurie) augmentent les pertes hydriques.

L’armoire à pharmacie devrait contenir des Solutés de Réhydratation Orales (SRO) permettant d’apporter de l’eau, du sel et du sucre.

Quand appeler le médecin ou se rendre aux urgences :

> Quand y a une perte importante de poids, suggérant une aggravation de la déshydratation.

> Les vomissements persistent plus de 2 heures, surtout chez le jeune enfant.

> La glycémie continue de s’élever malgré l’augmentation des doses d’insuline.

> La cétonémie est croissante/persistante, supérieure à 1-1,5 mmol/l.

> L’enfant s’épuise, devient confus, respire fort, se déshydrate ou souffre de douleurs abdominales sévères.

> Les parents sont fatigués et épuisés, en raison des réveils nocturnes répétés.

> La fièvre persiste plus de 4 jours ou reprend secondairement.

> Apparition de douleurs des oreilles, de maux de gorge, de douleurs pulmonaires…

> Difficultés à respirer ou lèvres bleues.

> Somnolence, confusion,  ne réagissant plus.

> Raideur de la nuque, convulsions.

Conclusion :

La seule constance de la grippe saisonnière est la certitude qu’il y aura une épidémie d’hiver, se chevauchant avec les autres épidémies virales (respiratoire comme le VRS et digestive comme le Rotavirus), encombrant les services d’urgence et les cabinets médicaux.

La grippe est une maladie intergénérationnelle qui nous concerne tous.

La grippe se répand dans la communauté à partir des enfants.

La vaccination reste l’atout majeur de prévention primaire contre la grippe.

L’enfant qui a un diabète nécessitera une surveillance attentive pour éviter, en particulier, l’acidocétose.