Le diabète de type 1 peut toucher n’importe quel enfant en France
Vice-Président du conseil scientifique de l’AJD, le Pr Jacques Beltrand est professeur de pédiatrie à l’Hôpital Necker Enfants Malades de Paris et y coordonne une équipe de diabétologie pédiatrique. À l’occasion de notre campagne #DiagnostiquerPlusTôt, il revient sur l’épidémiologie du diabète de type 1 chez les enfants et les adolescents en France, partage ses conseils d’aide au diagnostic à destination des professionnels de santé et relève quelques défis auxquels médecins généralistes et pharmaciens peuvent être confrontés.
Diabète de type 1, des chiffres sans cesse croissants
L’incidence du diabète de type 1 chez les jeunes augmente de 4 % par an.
Concrètement, cela signifie que les nouveaux cas de diabète de type 1 chez les enfants et adolescents sont en hausse depuis une vingtaine d’années. Cette hausse s’est accompagnée à la fin des années 90 d’un rajeunissement de l’âge moyen de diagnostic. En effet, l’âge moyen était entre 12 et 13 ans il y a 30 ans et il se situe plutôt autour de 8 ans actuellement.
Le Pr Beltrand précise par ailleurs qu’ « on ne connait pas précisément les facteurs liés à ce rajeunissement et à cette augmentation de l’incidence. Le diabète n’est pas une maladie génétique. Si c’était une maladie génétique, on ne verrait pas ce rajeunissement ni cette augmentation constante du nombre de nouveaux cas. Il y a probablement un effet environnemental. On sait que plus les pays améliorent leur niveau de vie, plus la mortalité infantile diminue, plus les infections précoces chez l’enfant diminue, plus les cas de diabète de type 1 augmentent. »
Ainsi, nous ne sommes pas encore en mesure d’expliquer cette augmentation des cas chez les enfants. En revanche, il reste capital que les professionnels de santé puissent diagnostiquer tôt cette maladie. « Les progrès thérapeutiques ont permis de prendre de mieux en mieux en charge les enfants de plus en plus précocement. »
Comment repérer et diagnostiquer le diabète de type 1 de l’enfant ?
Selon le Pr Beltrand, le diabète de type 1 reste une maladie « en théorie facile à diagnostiquer ». En effet, elle se caractérise par 3 symptômes principaux : la polyurie, l’énurésie et la polydipsie. Ces trois symptômes renvoient ainsi à « un enfant qui fait beaucoup, beaucoup pipi, c’est-à-dire un enfant qui doit sortir plusieurs fois de classe dans la journée et qui doit se lever plusieurs fois la nuit pour aller uriner. Un enfant qui était propre et qui refait pipi au lit et un enfant qui se met à boire 3,4, 5, 6 litres par jour et qui ne peut pas passer une nuit entière sans boire plusieurs fois. » À ces signes peuvent s’ajouter la polyphagie (les enfants ont beaucoup plus faim et mangent plus que d’habitude) et un amaigrissement progressif.
Si un parent observe l’apparition de ces différents signes chez son enfant et le rapporte à un professionnel de santé, ce dernier doit immédiatement être en mesure de de lui faire une glycémie capillaire ou une glycosurie par bandelette urinaire, en cabinet. Sinon il doit l’envoyer en réaliser immédiatement une dans une pharmacie ou dans un laboratoire (nul besoin d’attendre que l’enfant soit à jeun) en s’assurant que la famille obtienne le résultat immédiatement.
Si aucun de ces cas de figure n’est possible, il est vital d’adresser l’enfant aux urgences pédiatriques les plus proches. « Les signes du diabète sont vraiment caractéristiques de cette maladie. Il n’y a pas d’autre maladie qui donne les mêmes symptômes conjugués. Donc si vous voyez en consultation un enfant qui présente : une envie fréquente d’uriner, qui se remet à faire pipi au lit et a une soif intense, à ce moment-là il faut faire le diagnostic du diabète et l’adresser au plus vite aux urgences pédiatriques. »
Les défis à dépasser pour les professionnels de santé
Le Pr Beltrand identifie plusieurs défis pour les professionnels de santé, qui, une fois connus, sont plus faciles à dépasser. L’âge de l’enfant peut, par exemple, ajouter une difficulté supplémentaire lors du diagnostic. « Parfois il est plus difficile de se rendre compte qu’un petit nourrisson fait beaucoup pipi. Chez les enfants de moins de 3 ans, la symptomatologie est souvent bruyante et courte et souvent les signes qui sont au premier plan peuvent être une fatigue de l’enfant, une gêne respiratoire. »
Il est aussi nécessaire de prêter attention aux éléments que les parents restituent au professionnel de santé et ne pas hésiter à poser des questions. « Même chez les tout-petits l’interrogatoire met en évidence le fait de boire beaucoup et de faire beaucoup pipi chez les parents. Les parents vont rapporter des couches qui pèsent très lourds, des couches qui débordent dans le lit, le fait de devoir se lever plusieurs fois la nuit pour changer les couches de l’enfant. »
Les 3 mots clés du Pr Beltrand
Pour qualifier le diabète de type 1, le Pr Beltrand a choisi trois termes : diagnostic précoce, prise en charge pluridisciplinaire et joie de vivre.
→ Diagnostic précoce car « c’est important qu’il soit fait de plus en plus tôt, parfois avant même l’apparition des signes cliniques, parce que maintenant on peut dépister le diabète de type 1 ».
→ Par ailleurs, la prise en charge pluridisciplinaire du diabète de type 1 devrait être spécialisée et de qualité pour tous les enfants atteints.
→ Enfin, la joie de vivre renvoie pour Jacques Beltrand aux « traitements actuels qui permettent une belle qualité de vie aux enfants. » Une qualité de vie qui est également assurée par tout le réseau associatif de France.
« L’Aide aux Jeunes Diabétiques est une association de patients et de professionnels de santé qui luttent tous les jours pour améliorer le soin aux enfants atteints de diabète et leur permettre d’avoir la meilleure qualité de vie possible. »