Pour faire baisser le sucre dans le sang, il faut donner l’insuline qui a disparu. Le traitement par l’insuline a trois particularités :

  1. L’insuline ne peut pas être prise par la bouche, car elle est détruite par la digestion. Il faut donc l’injecter sous la peau.
  2. Le traitement doit actuellement être poursuivi toute la vie, sans interruption. Des traitements plus simples ont de grandes chances d’être disponibles un jour, mais actuellement, le traitement par l’insuline permet d’avoir une activité physique, scolaire et professionnelle normale.
  3. Le traitement est effectué par le patient qui a un diabète ou par ses parents. Le médecin est le conseiller: il joue le rôle du moniteur d’auto-école, mais c’est le patient qui tient le volant. Il faut donc apprendre à traiter son diabète.

Les signes du diabète

Normalement

Notre organisme a besoin d’énergie pour vivre comme la voiture a besoin d’essence. Cette énergie vient en partie du glucose. Le glucose est un sucre qui circule dans le sang pour être distribué à tout notre corps. Sa quantité dans le sang peut être mesurée : c’est la glycémie.

La glycémie est sous le contrôle de l’insuline. L’insuline est une substance fabriquée par le pancréas. Elle passe dans le sang pour régler la glycémie.

Dans le diabète

Dans le diabète, le pancréas ne fabrique plus assez d’insuline. En l’absence d’insuline, la glycémie s’élève: c’est l’hyperglycémie. Quand la glycémie est trop élevée, on a une glycosurie, et parfois une cétose (cétonémie élevée avec cétonurie).

Pour faire baisser la glycémie et la cétose, il faut apporter l’insuline que le pancréas ne fabrique plus.

La glycosurie

C’est la présence de glucose dans l’urine. Normalement, l’urine ne contient pas de glucose. Le glucose passe dans l’urine avec beaucoup d’eau. On urine donc beaucoup et souvent. On a très soif. On perd du poids et on est fatigué.

La cétose

C’est la présence de grandes quantités de substances appelées acides cétoniques ou corps cétoniques. En l’absence d’insuline, les acides cétoniques sont en très grande quantité dans le sang et passent dans l’urine.

Comment répartir l’insuline quotidienne ?

Le glucose est présent dans de nombreux aliments. La digestion de ces aliments libère le glucose qui traverse alors la paroi de l’intestin et passe dans le sang. Donc, après un repas, la glycémie augmente.

 

Normalement, en dehors des repas, la glycémie est de 0,70 à 1 gramme par litre (g/l). Lors d’un repas, la montée de la glycémie reste faible (la glycémie ne dépasse pas 1,50 g/l), et en 2 ou 3 heures, elle revient à sa valeur normale de 0,70 à 1 g/l.

C’est l’insuline qui empêche la glycémie de trop monter.

Entre les repas, le pancréas libère un petit peu d’insuline dans le sang. Lors d’un repas, quand la glycémie augmente, le pancréas fournit plus d’insuline, ce qui empêche la glycémie de trop monter, puis la fait redescendre. Alors, on a de nouveau besoin d’un petit peu d’insuline.

En résumé, à chaque repas, il faut plus d’insuline pour empêcher la glycémie de trop monter : le matin au moment du petit déjeuner; à midi au moment du déjeuner; le soir au moment du dîner. Entre les repas, et pendant la nuit, le besoin en insuline est faible et régulier.

Pour libérer l’insuline selon les besoins, le pancréas mesure la glycémie en permanence.

 

Dans le diabète, le rythme de vie et les besoins en insuline sont identiques. Pour que l’insuline soit efficace, elle doit être administrée selon les besoins : en faible quantité entre les repas et la nuit, et en plus grande quantité à chaque repas.

Pour savoir quelle dose d’insuline faire, il faut surveiller la glycémie

Les insulines

Toutes les insulines sont fabriquées en laboratoire. Il y a deux catégories d’insuline :

– l’insuline humaine dont la structure est identique à l’insuline produite par le pancréas,

– les analogues de l’insuline : ils ont structure qui a été légèrement modifiée par rapport à l’insuline humaine, ce qui leur donne des modes d’action différents (délai d’action, durée d’action, reproductibilité). Ils sont les plus prescrits chez l’enfant.

Pour le traitement, on dispose d’insuline dont les durées d’action son différentes :

– les insulines d’action rapide,

– les insulines d’action prolongée,

– les mélanges fixes d’insuline.

Les insulines d’action rapide

Les analogues de l’insuline d’action rapide

Leur action débute au bout de 15 minutes environ et sont injectés juste avant le repas.

Le pic d’action survient 30 à 90 minutes après l’injection.

La durée d’action est en moyenne de 3 heures, mais cette durée d’action est variable (de 2 à 5 heures) ; plus la dose est élevée plus la durée d’action s’allonge.

Les insulines d’action rapide

Ce sont des solutions limpides (transparentes). Elles sont actives environ 30 minutes à 1 heure après l’injection et sont injectées environ 20 minutes avant le repas.Le pic d’action survient 2 à 4 heures après l’injection.

Leur durée d’action est d’environ 6 heures, mais cette durée est dépendante de la dose injectée (durée de 5 à 8 heures) ; plus la dose est élevée plus la durée d’action s’allonge.

Elles sont de moins en moins utilisées en France et en pédiatrie.

Les insulines d’action prolongée

Les analogues de l’insuline d’action prolongée

Ce sont des solutions limpides. Leur durée d’action est variable :

  • 18 heures (intermédiaire longue) : Levemir® (Detemir). Dans ce cas, l’insuline s’injecte deux fois par jour.
  • 24 heures (lente) : Lantus®, Toujeo® ou Abasaglar® (Glargine). Le plus souvent, ces insulines lentes s’injectent une fois par jour, au même moment tous les jours.
  • 42 heures (lente) : Tresiba® (Deglutec). Cette insuline lente s’injecte une fois par jour avec plus de souplesse horaire que les précédentes.

L’insuline NPH (intermédiaire, insuline rapide associée à une protéine, la Protamine)

La NPH est une solution trouble.

Elle est active environ 1 heure après l’injection, le pic d’action survient après 4 à 6 heures, elle a une durée d’action d’environ 12 heures.

Elle est de moins en moins utilisée en France.

Les mélanges d’insuline

Ce sont des solutions troubles.

Il existe deux types de mélanges d’insuline :

  • les mélanges d’insuline rapide et d’insuline NPH,
  • les mélanges d’analogue rapide et d’analogue rapide associé à la protamine.

Le chiffre qui suit le nom du mélange d’insuline correspond au pourcentage d’insuline rapide.

Les mélanges d’insuline ne sont pas recommandés en pédiatrie. Leur reproductibilité d’action est très médiocre. Les mélanges fixes ne répondent pas aux besoins variables des enfants et adolescents.

Les unités d’insuline

La dose d’insuline s’exprime en unités.

En France, presque toutes les insulines ont une concentration de 100 unités/ml (U 100).

L’humalog® (analogue rapide) et la Tresiba® (analogue lent) existent à cette concentration de 100UI/ml, mais également à une concentration de 200 UI/ml (U 200).

La Toujeo® (analogue d’action lente) est uniquement à une concentration de 300 UI/ml (U 300).

La concentration d’insuline ne modifie pas la dose à injecter, mais le volume.

Dans chacun de ces cas, il est indispensable d’utiliser le stylo fourni pour cette insuline.

Attention ! Dans d’autres pays, les insulines en flacons et les seringues peuvent être à des concentrations différentes (40 unités/ml).

L’action des insulines

  • varie selon la zone d’injection,
  • est ralentie par le froid,
  • est accélérée par l’exercice musculaire ou par une élévation de température (bain ou fièvre),
  • est variable et imprévisible en cas d’injections dans les lipohypertrophies.

Les schémas de traitement

Plusieurs schémas de traitement sont possibles. Le choix initial fait par l’équipe soignante dépend de l’âge de l’enfant, de ses besoins et du contexte. Le schéma de traitement peut être modifié tout au long du suivi en fonction des circonstances et de l’équilibre glycémique.

Le traitement peut comprendre :

  • le traitement par multi-injections qui associe toujours une insuline d’action rapide, le plus souvent un analogue de l’insuline d’action rapide et un analogue de l’insuline d’action prolongée,
  • le traitement par la pompe à insuline utilise uniquement les analogues de l’insuline d’action rapide.

Traitement par multi-injections

L’injection d’un analogue de l’insuline d’action rapide (Humalog®, Novorapid®, Apidra®) est faite avant chaque repas ou collation apportant des glucides.

L’injection d’un analogue lent (Lantus®, Toujeo®, Abasaglar® ou Tresiba®) est faite le soir en cas d’une injection (plus rarement le matin ou le midi).

En cas de traitement par une insuline intermédiaire longue (Levemir®), une injection est faite le matin, l’autre, le soir.

  • L’insuline d’action rapide du matin agit pendant le petit-déjeuner et la matinée.
  • L’insuline d’action rapide de midi agit pendant le déjeuner et le début d’après-midi.
  • L’insuline d’action rapide du soir agit pendant le dîner et la soirée.
  • L’insuline lente agit en continu. Son action est plus facilement évaluée sur les résultats de la nuit et au réveil.

Une injection supplémentaire d’insuline d’action rapide est réalisée en cas de goûter contenant des glucides.

  • L’insuline d’action rapide du matin agit pendant le petit-déjeuner et la matinée.
  • L’insuline d’action rapide de midi agit pendant le déjeuner et le début d’après-midi.
  • L’insuline d’action rapide du goûter agit en fin d’après-midi.
  • L’insuline d’action rapide du soir agit pendant le dîner et la soirée.
  • L’insuline lente agit en continu. Son action est plus facilement évaluée sur les résultats de la nuit et au réveil.

La pompe à insuline

L’insuline est délivrée sous la peau :

– en débit continu (ou débit de base) entre les repas,

– en quantités supplémentaires (bolus) avant chaque repas contenant des glucides.

Le bolus du matin agit pendant le petit-déjeuner et la matinée.

Le bolus de midi agit pendant le déjeuner et le début d’après-midi.

Le bolus du goûter agit en fin d’après-midi.

Le bolus du soir agit pendant le dîner et la soirée.

Le débit de base agit en continu pendant 24 heures.

À chaque insuline et à chaque heure d’injection d’insuline rapide ou de bolus correspond une période d’activité.

Schéma conventionnel

Le traitement est réalisé deux fois par jour (la matin avant le petit-déjeuner et le soir avant le dîner), ou 3 fois par jour s’il y a un goûter avec des glucides.

Le traitements associe toujours une insuline d’action rapide, le plus souvent un analogue rapide et une insuline intermédiaire (insuline NPH) :

  • chaque insuline est injectée au stylo, en deux injections séparées,
  • ou les deux insulines sont mélangées dans une seringue.

Schéma d’injection avec stylo à insuline

  • L’insuline d’action rapide du matin agit pendant le petit-déjeuner et la matinée.
  • L’insuline intermédiaire du matin agit pendant le déjeuner et l’après-midi.
  • L’insuline d’action rapide du soir agit pendant le dîner et la soirée.
  • L’insuline intermédiaire du soir agit pendant la nuit.

Avant un goûter contenant des glucides, une injection d’un analogue de l’insuline d’action rapide est faite au stylo.

  • L’insuline d’action rapide du matin agit pendant le petit-déjeuner et la matinée.
  • L’insuline d’action rapide du goûter agit en fin d’après-midi.
  • L’insuline d’action rapide du soir agit pendant le dîner et la soirée.
  • L’insuline intermédiaire du soir agit pendant la nuit.

Schéma d’injection avec la seringue

  • L’insuline d’action rapide du matin agit pendant le petit-déjeuner et la matinée.
  • L’insuline intermédiaire du matin agit pendant le déjeuner et l’après-midi.
  • L’insuline d’action rapide du soir agit pendant le dîner et la soirée.
  • L’insuline intermédiaire du soir agit pendant la nuit.

Avec un goûter contenant des glucides, une injection d’un analogue de l’insuline d’action rapide est faite au stylo.

  • L’insuline d’action rapide du matin agit pendant le petit-déjeuner et la matinée.
  • L’insuline intermédiaire du matin agit pendant le déjeuner et l’après-midi.
  • L’insuline d’action rapide du soir agit pendant le dîner et la soirée.
  • L’insuline intermédiaire du soir agit pendant la nuit.

La conservation des insulines

Les flacons, cartouches ou stylos préremplis d’insuline non entamés se conservent au réfrigérateur, dans le bac à légumes ou le haut de la porte.

Les flacons et les stylos avec cartouche entamées se gardent en dehors du réfrigérateur, à l’abri du soleil et de la chaleur (pas plus de 25°) pendant 1 mois pour la plupart.

La Degludec (Tresiba®) se conserve 8 semaines à température ambiante.